Ordinateurs, ENT, emails professionnels, formations sur les risques… le numérique est aujourd’hui pleinement intégré dans le quotidien des éducateurs spécialisés. Dans les Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS), cet outil s’impose comme un levier incontournable, aussi bien dans la gestion administrative que dans le lien avec les jeunes et leurs familles. Mais il soulève aussi de vraies questions : comment encadrer ces usages ? Comment prévenir les dérives ? Eléments de réponse avec Denis Bouclon (https://linktr.ee/denis_bouclon) !
Un usage structurant pour le suivi éducatif
Dans une MECS, le numérique est omniprésent. Rapports d’activité, tableaux de suivi, plannings partagés… tout passe par l’ordinateur. Les éducateurs disposent de postes fixes dans les bureaux administratifs, mais aussi dans les foyers eux-mêmes, où les enfants peuvent accéder à leur espace numérique de travail, notamment pour leur scolarité. L’aspect administratif représente à lui seul près de 40 % du temps de travail, et la messagerie électronique est devenue un outil central dans la communication avec les référents de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Chaque jour, entre dix et quinze échanges par mail permettent d’assurer le suivi des rendez-vous, des actions éducatives ou des obligations scolaires.
Une pratique encadrée… mais évolutive
L’usage des réseaux sociaux, en revanche, est loin d’être systématique. Dans certains contextes de prévention spécialisée, Facebook a pu jouer un rôle de vitrine pour valoriser les actions menées sur le terrain, notamment auprès des parents. Mais dans une MECS, la prudence est de mise. Aucun réseau social n’est utilisé dans l’exercice professionnel quotidien, principalement pour protéger les mineurs et éviter toute exposition numérique non maîtrisée.
Du côté des professionnels, plusieurs formations ont été mises en place, centrées sur les risques et les atouts du numérique. De la sensibilisation aux cybermenaces à la formation sur les droits (comme celui à la déconnexion), les éducateurs sont de plus en plus armés pour adopter un usage éclairé. Et si les notifications restent activées sur certains téléphones, c’est souvent pour réagir rapidement en cas d’urgence.
Des risques numériques encore rares, mais bien réels
Les incidents restent rares, mais ils existent, et si les menaces verbales sont parfois prononcées au téléphone ou en face à face, notamment par des parents en colère, elles restent isolées. Les risques liés à l’usurpation d’identité ou aux cyberattaques sont peu fréquents, mais la vigilance reste de mise. Citons ici l’exemple de mails frauduleux aux allures de convocations judiciaires, reçus à plusieurs reprises, qui ont semé le doute avant d’être identifiés comme du phishing. Dans ce genre de situation, le soutien hiérarchique joue un rôle clé. La direction reste très présente, et les consignes sont claires : en cas de menace ou de doute, l’éducateur n’est jamais seul. Un simple transfert d’email suspect suffit pour que la hiérarchie prenne le relais.
Travailler en équipe pour désamorcer les tensions
Au-delà des outils numériques, c’est la dynamique collective qui fait la force du dispositif. Lorsqu’un jeune est dans le rejet, l’insulte ou la provocation, le recours à un collègue tiers permet souvent de désamorcer le conflit. Dans ce secteur, passer le relais n’est pas un aveu d’échec, c’est un réflexe professionnel. Et c’est peut-être là, la leçon la plus précieuse : le numérique, aussi utile soit-il, reste un outil. Ce qui fait la différence, c’est la qualité du lien, l’intelligence collective et la capacité à poser un cadre sécurisant, pour les jeunes comme pour les professionnels.